Prost position : Le Professeur et ses rivaux
A défaut d'acquérir un fort soutien de la part du public (y compris français), Alain Prost a obtenu le respect de tous grâce à sa carrière et son palmarès. Un respect que le Professeur a généralement bien rendu à ses adversaires.
Prost en a croisé certains dès le karting comme son futur équipier de 1983, Eddie Cheever. L'Américain, à l'image de Stefan Johansson quatre ans plus tard, a souffert de la comparaison et ne retrouvera jamais un aussi bon volant, si bien qu'il lui manque une victoire qu'il n'aurait pas volée. Cheever ne lui en tiendra pas rigueur puisqu'il déclara avec humour : "Je me souviens d'un petit bonhomme au nez cassé. Je n'arrivai pas à le dépasser et j'étais pourtant plus rapide que lui. J'y suis enfin parvenu dans le dernier tour. Depuis il me l'a bien fait payer !"
Une fois arrivé en F1, il dut se défendre face à d'autres grands noms. Son premier équipier fut John Watson et bien que le Nord-Irlandais connut le même sort que la majorité, il n'hésita pas à prendre le Français sous son aile, entre réconfort suite aux nombreuses ruptures de suspension et divers conseils sur les trajectoires à adopter. En retour, Prost le défendit lorsque son équipe commença à taquiner Watson en le surnommant "John what's wrong ?" ("John, qu'est-ce qu'il ne va pas ?") et hérita des surnoms "Napoléon" puis "Tadpole", qui voulait dire "têtard". Humour anglais...
Si l'inconscient collectif retient surtout l'incident du Grand Prix de France 1982, Prost le répéta à l'envie qu'il n'y avait aucun problème personnel entre lui et René Arnoux et que les deux s'entendirent très bien par la suite. Un phénomène courant lorsqu'une rivalité entre deux équipiers se fait sentir. Prost n'eut pas à affronter cela avec Niki Lauda, son héros d'enfance et pour cause. Il est évident que le Français a beaucoup appris de l'Autrichien, tout aussi calculateur, rigoureux et cartésien que son élève, ce dont il ne s'est jamais caché. Alors que Lauda était perçu comme froid, Prost dépeignit un "personnage plein d'humour et, contrairement aux apparences, croquant la vie à belles dents"
Deux ans après, son complet opposé le seconda : Keke Rosberg. Le Finlandais était, lui, du même moule que Nigel Mansell et Alan Jones (un pilote "ardent, puissance, même violent qui n'est pas devenu champion par hasard" à en croire Prost) et se fit remarquer en... détruisant la McLaren dès son premier essai préliminaire ! Malgré son adresse et sa ténacité qui fit sa réputation, il se fit manger tout cru comme les autres mais il resta d'une loyauté exemplaire et domina sa dernière course à Adélaïde avant sa crevaison, aidant indirectement son équipier dans l'obtention du titre mondial.
A l'inverse, Mansell choisit de jour sa propre carte en tassant Prost au Portugal en 1990... Inutile de chercher pourquoi Prost pointera du doigt son absence d'esprit d'équipe et ses limites en tant que metteur au point dès que la monoplace était imparfaite. Ce fut plus calme avec Jean Alesi, lui aussi plus proche d'un Rosberg et Mansell que d'un Lauda mais qui ne chercha nullement les conflits et se lia d'amitié avec Prost, bien que l'aventure Prost Grand Prix manqua de tout gâcher à ce sujet.
Prost se fit d'autres amis dans le paddock. Outre Lauda et Alesi, il se dérida aux côtés de Jacques Laffite qui n'était jamais le dernier à s'amuser, ce même avec des activités peu spectaculaires comme le golf ou la belote "Gordini", selon les règles du créateur de la marque du même nom. Il évoqua aussi Michele Alboreto, son rival en 1985 comme un homme "sérieux, calme, gentil et courtois"
Hélas, la décennie 1980 compta aussi son lot de drames qui toucha le cercle du Français.Patrick Depailler fut le premier pilote à vouloir intégrer Prost à ses débuts mais il se tua en essais à Hockenheim avant de pouvoir nouer le moindre lien, ce le jour même du mariage de Prost... Gilles Villeneuve comptait aussi parmi ses proches, "l'un des hommes les plus charmants qui m'ait été donné de rencontrer" dit-il plus tard mais là-encore, le destin fit son œuvre. Enfin, il ne faut pas oublier la disparition d'Elio de Angelis en 1986 en essais privés, "un artiste, un prince du style en même temps qu'un vrai gentlemen" à l'entendre.
Quant à Ayrton Senna, c'est par ici que cela se passe ! http://days-of-f1-past.over-blog.com/2015/05/senna-sempre-ayrton-et-alain-prost-1-2 / http://days-of-f1-past.over-blog.com/2015/05/senna-sempre-ayrton-et-alain-prost-2-2.html