1999-2000 : Honda, de constructeur à simple motoriste

Publié le par Masta

1999-2000 : Honda, de constructeur à simple motoriste

A l'heure où Mercedes domine la Formule 1 et où Renault pense de plus en plus à revenir en tant que constructeur à part entière, Honda a choisi de rester simple motoriste pour son retour. Pourtant, en dehors de leur première expérience dans les années 60, et avant le rachat de BAR en 2006, les Japonais ont déjà envisagé un engagement combinant châssis et moteur il y a une quinzaine d'années.

Alors que la saison 1998 venait de débuter en Australie avec une domination totale de McLaren-Mercedes (un tour devant tous les autres), Honda annonça son retour à la compétition. Le constructeur n'a certes jamais totalement coupé les ponts avec la F1 : depuis son retrait officiel fin 1992, Honda sous-traita certains blocs à Mugen pour Footwork, Lotus, Ligier-Prost et enfin Jordan depuis cette même année 1998. Cependant, il s'agissait, contrairement à leur deuxième engagement (1983-1992), d'une implication totale, englobant la constructeur du châssis et du moteur à la fois !

Cette annonce prit tout le monde de court et pourtant, le constructeur y pensait depuis quelques années. Début 1994, un prototype 100% Honda boucla quelques tours de circuit à Suzuka avec leur pilote fétiche, Satoru Nakajima. Rien ne suivit par la suite mais il est probable que Honda tâtait seulement le terrain, en attendant que tous les feux passent au vert. Quatre ans plus tard, la voie était libre, d'autant que Bernie Ecclestone, sentant l'arrivée de constructeurs très prochainement (BMW avait déjà programmé son retour avec Williams), avait autorisé l'engagement d'une douzième équipe.

Honda n'était pas dupe : pour réussir, il fallait une base européenne. De cet objectif naquit Honda Racing Development (HRD) et recruta notamment des anciens membres de Tyrrell, que Honda avait déjà motorisé en 1991. L'équipe de "Oncle Ken" allait bientôt laisser placer à British American Racing (BAR), l'équipe du manager de Jacques Villeneuve, Craig Pollock, et celle-ci souhaitait repartir de zéro en démarchant peu à prou toutes les équipes. Il n'y avait donc pas de place pour tout le monde, d'où l'arrivée chez HRD du team manager Rupert Manwaring et du directeur technique Harvey Poslethwaite, grand ingénieur ayant officié chez Hesketh, Wolf et Ferrari. Afin de limiter les coûts de développement, le châssis allait être construit en association avec Dallara. Les observateurs avisés ne manquèrent pas de parler de "Dallaronda", en référence au panachage d'un châssis Lola dans les années 60 renommé "Hondola".

En fin d'année, Honda annonça enfin ses plans précis : participer au championnat 2000 et tester durant toute l'année 1999, y compris durant les essais hivernaux face aux autres équipes. Le châssis RA099 était prêt, avec Jos Verstappen au volant, prêt à redorer son blason après une demi-saison décevante chez Stewart. Non seulement la monoplace prenait enfin la piste mais elle s'adjugea régulièrement les meilleurs temps ! Évidemment, un crédit limité fut donné à ces chronos et divers suspicions se firent entendre : peu d'essence, voiture sous le poids, etc. Néanmoins, l'avenir était prometteur.

Du moins, c'est ce qu'on pensait. Le 13 avril 1999, Harvey Poslethwaite décéda des suites d'une crise cardiaque en pleine séance d'essais. C'était la mauvaise nouvelle que les opposants au programme F1 attendaient car les ventes de Honda n'étaient guère brillantes et on doutait du réel retour sur investissement d'un engagement aussi coûteux. De plus, Honda devait rentabiliser son récent circuit de Motegi et la branche américaine ne souhaitait pas négliger leur engagement en ChampCar, alors encore relativement performant, pour une F1 encore marginalisée de l'autre côté de l'Atlantique. Il fallait se rendre à l'évidence : Honda devait changer son fusil d'épaule.

Un mois plus tard, c'était officiel : Honda revenait en F1 pour l'an 2000 mais en tant que motoriste... de BAR ! Pour justifier ce rétropédalage, le directeur exécutif de Honda précisa que "le développement du châssis était un aspect bien plus important que la gestion complète d'une équipe". Par cette phrase, le constructeur faisait comprendre qu'il participerait d'une certaine manière à la conception du châssis, laissant à BAR le management dans sa globalité. Lors du Grand Prix d'Australie 2000, Jacques Villeneuve offrit la quatrième place à Honda pour son retour officiel à la discipline.

Entre temps, le rival Toyota n'était pas moins intéressé et annonça à son tour son engagement en Formule 1 en tant qu'équipe. Contrairement à Honda, le constructeur tint parole et c'est lui qui s'engagea en tant que douzième équipe... qui devint la onzième après que leur arrivée fut retardée de 2001 à 2002 et une fois Prost Grand Prix placé en liquidation judiciaire... Ironie de l'Histoire, Toyota ne monta jamais sur la plus haute marche du podium, là où Honda, qui a (encore) pris son mal en patience, racheta BAR en 2006 et s'imposa en Hongrie grâce à Jenson Button. On connaît la suite...

L'arrivée de Honda promettait beaucoup pour Jacques Villeneuve. Il n'était pas au bout de ses peines...

L'arrivée de Honda promettait beaucoup pour Jacques Villeneuve. Il n'était pas au bout de ses peines...

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