Ralf Schumacher : régulier dans l'irrégularité

Publié le par Masta

Ralf Schumacher : régulier dans l'irrégularité

A l'orée de la saison 2002, on osait encore tabler sur un futur duel entre Schumacher, Ralf succédant à Michael. Cependant, Juan-Pablo Montoya s'est déjà fait une réputation suffisamment importante pour piquer la place de son équipier dans un futur proche. Or, ni l'un ni l'autre ne connurent la réussite que l'on attendait.

Il est vrai que la saison 2002 reste de triste mémoire, entre la domination sans partage de Ferrari, un sport bafoué par les consignes de la Scuderia et un spectacle et suspens aux abonnés absents. Ralf Schumacher fut l'un des rares à apporter un rayon de soleil puisqu'il remporta la deuxième course de la saison en Malaisie... en partie grâce à l'accrochage initial entre Montoya et Michael Schumacher. Les deux frères croisèrent le fer au Brésil mais Ralf ne sembla jamais en mesure de mettre en danger la nouvelle F2002. Une fois celle-ci sur orbite, l'Allemand passa en mode pilotage automatique, entre prestations anonymes, fautes de pilotage (Barcelone, Spa) et errements techniques de son équipe (Canada, Angleterre, Allemagne, Japon). Montoya eut beau ne remporter aucune victoire, son pilotage incisif et ses sept poles position confortèrent les observateurs dans leur avis. L'accrochage d'Indianapolis entre les deux n'arrangea rien, et certainement pas l'humeur de Patrick Head !

Signe de la perte d'influence de Ralf, Montoya eut droit au premier numéro de l'équipe pour 2003, contrairement aux deux premières années. Pour une fois, le petit Schumacher fit preuve de régularité puisqu'il enchaîna dix arrivées consécutives dans les points, mais dans la même dynamique qu'en 2002 : en conduisant au lieu de piloter, si on excepte une prestation courageuse à Imola suite au décès de sa mère durant le week-end. Une fois la Williams chaussée de pneus Michelin larges, les performances s'améliorèrent et Ralf se permit même de dominer son équipier trois courses durant et d'aligner deux victoires de rang au Nurburgring et à Magny-Cours. Les dernières de sa carrière...

Son statut de prétendant au titre devint très vite de l'histoire ancienne entre un zéro pointé en Angleterre et une négligence en Allemagne, où il contribua au carambolage initial avec Rubens Barrichello et Kimi Räikkönen. Son tête-à-queue au premier tour en Hongrie et son crash en essais privés le privant de Grand Prix d'Italie achevèrent d'enterrer ses chance. Pour ne rien arranger, la frilosité stratégique de Williams l'envoya dans le mur à Indianapolis avant de mener une course au moins aussi chaotique que celle de son champion de frère à Suzuka...

Il devenait de plus en plus évident que Ralf allait quitter l'équipe une fois la saison 2004 achevée, les rumeurs l'associant avec Toyota filtrant assez rapidement. Les performances décevantes de sa FW26 à nez de morse ne l'encouragèrent pas à faire beaucoup d'efforts, en dehors du Canada où il passa proche de la victoire après une belle pole, avant d'être déclassé pour des écopes de freins non conformes. Puis vint ce spectaculaire crash sur le banking d'Indianapolis dû à une crevaison, lui brisant la colonne vertébrale et le laissant hors des circuits pour quelques mois. Sa fin de saison eut le mérite d'être plus convaincante que le début (brillant deuxième à Suzuka) mais trop tard, Ralf n'avait plus la côte.

Il retrouva un semblant de régularité pour sa première saison chez Toyota puisqu'il marqua des points quatorze fois en dix-neuf Grands Prix, bien aidé par l'excellente fiabilité de sa TF105. Si en soi, l'Allemand n'a pas été mauvais, il a été une nouvelle fois éclipsé par plus apprécié et intrinsèquement plus doué que lui, en l'occurrence Jarno Trulli. En première moitié de saison, l'Italien aligna les premières lignes et les podiums, là où Ralf dut attendre la Hongrie pour y monter et ne se distingua jamais sur un tour rapide en dehors d'une pole réservoir vide au Japon. Un passage trop précoce aux pneus secs l'empêcha de courir pour la victoire en Belgique, le Safety Car tua dans l’œuf sa stratégie décalée de Suzuka mais il conclut la saison par une bonne troisième place à Shanghai, loin devant un Trulli totalement incompatible avec le modèle B de la monoplace. Entre temps, il joua bien malgré lui un rôle dans la mascarade d'Indianapolis quand son pneu Michelin éclata au même endroit qu'il y a douze mois, en essais cette fois...

En parlant de podium, celui de Melbourne 2006 resta son dernier et encore, l'aspect chaotique et décousu de la course contribua grandement à la performance. En comparaison, Toyota peina à atteindre le Top 10 pour l'ouverture à Bahreïn... Pour le coup, l'irrégularité de Ralf était aussi due à sa voiture. Parfois il fit parler le métier (quatrième à Magny-Cours devant Räikkönen et la Renault de Giancarlo Fisichella), parfois il manqua de réussite (un écrou de roue défaillant à Indianapolis, un moteur cassé au Nurburgring), parfois sa monoplace se traînait (sous la pluie en Hongrie et en Chine avec des Bridgestone à l'ouest). Parfois il creusa sa propre tombe comme au Canada, où il avança à la vitesse d'un escargot avant de rendre l'ascenseur à Jaques Villeneuve, qui avait mis fin à sa course ici même six ans plus tôt...

Cela étant, rien de tout cela n'égalait le calvaire de 2007. S'il sortit de son sommeil en Hongrie, personne ne comprit pourquoi ni comment, tant Ralf Schumacher était à côté de son sujet le reste du temps. Là encore, on ne peut pas dire que Toyota l'eut beaucoup aidé mais Jarno Trulli, pourtant marchant au moral, réussit à s'illustrer un minimum. Son équipier, lui, parut déjà retiré de son sport dont on se demandait s'il l'aimait tant que cela. Il n'évita pas l'une ou l'autre bourde comme à Indianapolis où il élimina les vétérans David Coulthard et Rubens Barrichello d'emblée ou en Chine avec deux têtes-à-queue, le second éliminatoire.

Que Toyota ne le conserve pas au soir du titre de Kimi Räikkönen n'étonna personne, puisqu'on était en droit de se questionner : pourquoi l'ont-ils conservé pour cette saison et surtout à ce prix... Un test pour Force India boucla la boucle puisqu'il s'agissait de l'ex-Jordan où il avait débuté voici dix ans. Son passage raté en DTM confirma que la flamme avait quitté Ralf depuis longtemps, si tenté qu'elle ait habité son esprit un jour...

On se souviendra davantage de sa saison 2004 pour le nez de morse de la Williams et son crash d'Indianapolis que pour ses performances...

On se souviendra davantage de sa saison 2004 pour le nez de morse de la Williams et son crash d'Indianapolis que pour ses performances...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article