Olivier Panis : Du bleu au blues (1997-1999)

Publié le par Masta

Olivier Panis : Du bleu au blues (1997-1999)

Lorsque la saison 1997 s’amorçait, une fois le rachat de Ligier avalisé, toute la France comptait sur Alain Prost pour relancer la Formule 1 dans l’Hexagone et imposer le savoir-faire tricolore au plus haut niveau. «Tout un pays derrière son champion ! » disait l’éditorial de l’Automobile Magazine dans son guide de la saison. Beaucoup ignoraient alors que les dés étaient pipés dès le départ, entre une ingérence politique et un engagement défaillant de Peugeot. Prost n’était pas à sa première tentative de reprise d’équipe et il se doutait que son projet n’était pas aussi soutenu qu’on le laissait entendre. Il ne savait juste pas à quel point et Olivier Panis non plus.

Cela étant, une fois le premier tiers de l’année écoulé, il était de bon ton d’espérer au vu des résultats on ne peut plus encourageants du pilote français. Dans les points dès la première course de l’équipe à Melbourne, Panis mit à profit ses pneus Bridgestone pour ne s’arrêter qu’une fois au Brésil et finir troisième. Même cas de figure à Barcelone où la piste, particulièrement gourmande en gommes, choisit d’épargner la JS45, toujours bénéficiaire d’un transfert de technologie par Benetton. Le Français se permit de remonter de douzième à deuxième, ce qui n’était pas une sinécure sur ce tracé, non sans menacer le futur vainqueur Jacques Villeneuve lors des derniers tours. Le Canadien était déjà la proie de la voiture bleue en Argentine mais son hydraulique en décida autrement. Cela en plus d’une quatrième position à Monaco sous l’averse le plaça en troisième place du championnat, derrière Villeneuve et Michael Schumacher, les deux favoris au titre mondial. C’était presque trop beau…

C’est là qu’intervint Montréal et un accident qui stoppa Olivier en plein élan, aussi bien pour sa saison que pour sa carrière, du moins dans un premier temps. Impliquée dans les contacts routiniers du premier enchaînement, sa Prost n’en ressortit peut-être pas indemne puisque sa suspension lâcha en pleine accélération, le propulsant dans un mur de pneus qui n’avait probablement pas sa place ici. Au lieu d’amortir la dérobade de Panis, il broya l’avant de la monoplace et ses jambes avec. Plus rien n’allait être pareil à partir de là. Si Jarno Trulli s’en sortir avec les honneurs pour le remplacer jusqu’à mener le Grand Prix d’Autriche, il restait inexpérimenté et ne pouvait guider l’équipe comme il fallait. A côté, son équipier Shinji Nakano, nouveau piston de Mugen-Honda, ne faisait que de la figuration et le terme de «voiture morte » s’immisça dans les conversations de l’époque… Panis revint courageusement trois mois plus tard au Luxembourg : il devait freiner avec les deux pieds car il n’avait pas assez de puissance dans le côté droit. Une sixième place récompensa cet effort.

Sauf que le chemin de croix débutait. 1998 devait faire office de nouveau départ car il s’agissait de la première vraie Prost, désormais propulsée par Peugeot. L’équipe déménagea en région parisienne et enchaîna les recrutements, tandis que Trulli fut conservé aux côtés de Panis. Il resta fidèle à l’équipe en dépit d’une proposition de Jordan, qui récupérait le Mugen-Honda et s’en félicitera après coup… Prost devait digérer trop de paramètres pour une modeste structure et les performances s’en ressentirent en conséquence, aussi bien en fiabilité qu’en performance. Seul Trulli marqua et encore : un seul point, grâce à l’hécatombe d’un Grand Prix de Belgique rentré dans la légende. A côté, Panis fit un zéro pointé qui n’était au final pas si surprenant. En effet, les jambes d’Olivier n’étaient pas encore totalement guéries entre les broches et les plaques métalliques. Le moindre accident pouvait mettre fin à sa carrière. Difficile de donner son meilleur rendement dans ces conditions, surtout si la voiture ne suit pas et si le coéquipier fait jeu égal ou mieux.

Olivier Panis : Du bleu au blues (1997-1999)

Le problème, c’est que 1999 conforta les gens dans l’idée que le Panis d’avant Montréal 1997 avait disparu en même temps que l’avant de sa Prost. Les progrès étaient réels avec une AP02 assez intéressante, mais ils restaient insuffisants. Il fallut attendre un Grand Prix d’Europe anarchique pour que Jarno Trulli monte sur la deuxième marche du podium et augmente le capital qui était jusque là bloqué à trois points. Pourtant, Panis n’avait pas démérité. Il remonta une bonne partie du peloton au Brésil après une pénalité pour départ anticipé et finit sixième. Même résultat à Hockenheim avec de belles manœuvres de dépassement et une qualification dans le top 10. La pluie et un excellent timing lui ont offert le troisième temps à Magny-Cours… pour mieux finir à la porte des points le dimanche. Même espoir non concrétisé au Nurburgring car s’il avait changé de pneus au bon moment, en partant cinquième, c’était une autre marche que la deuxième qui lui était offerte.

Hélas pour lui, ses performances restèrent en dents de scie et sa côte continua de descendre dans le paddock et même au sein de sa propre équipe. « Avant mon accident, j’étais un futur champion du Monde porté aux nues. Après coup, je suis devenu un âne… », résuma t-il… Pour ne rien arranger, il perdit son manager en cours d’année, le forçant à démarcher ici et là et le déconnectant malgré lui de son objectif principal pendant quelques semaines. Prost en prit bonne note et décida de s’en séparer, mettant fin à trois ans de collaboration et six années en combinaison bleue. Quelques différents qui mettront à mal l’image que Panis avait du Professeur, Olivier dira plus tard que certains épisodes lui sont longtemps restés en travers de la gorge : « Malgré toute l’estime que je porte à Alain, je dois dire qu’il a eu du mal à comprendre que le problème venait de la voiture, pas du pilote. A un moment, il m’a fallu ignorer ce qu’il me disait afin de ne pas douter. J’avais envie parfois de mettre le feu à la voiture… ».

Panis n’allait cependant pas quitter son équipe de cœur sans se battre. Sixième en qualifications à Suzuka, il prit un départ canon et tint le troisième rang à la régulière jusqu’au premier ravitaillement. Son alternateur mit prématurément fin à sa prestation mais le message était clair : il ne fallait pas l’enterrer trop vite. Ne voulant pas faire de la figuration en fond de grille, Panis allait tenter un pari que peu de gens le voyaient réussir. Non seulement il releva le challenge mais il bouscula même son sport en conséquence…

Les fameux "pingouins" n'ont pas fait long feu...

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