Les Grands Prix maudits : Rubens Barrichello

Publié le par Masta

Les Grands Prix maudits : Rubens Barrichello

Quand on pense à un pilote malchanceux sur un tracé précis, beaucoup font le rapprochement entre Rubens Barrichello et le circuit d’Interlagos. Dire que le Brésilien n’a pas eu beaucoup de réussite à domicile est un euphémisme sachant que de 1995 à 2003, il n’a pas rejoint l’arrivée une seule fois ! Un comble sachant que, comme l’a souvent relaté Barrichello, la maison familiale se situait juste derrière le circuit, si bien que l’expression "courir dans son jardin" était proche de la réalité dans son cas ! Si la seconde moitié de sa carrière fut plus heureuse, jamais il ne connut le bonheur de Fittipaldi, Pace, Piquet, Senna et Massa, à savoir triompher devant les siens...

Barrichello débuta en 1993 et sa seconde course fut justement à Interlagos. Honnête quatorzième en qualifications sur sa modeste Jordan-Hart (là où son équipier Ivan Capelli ne sera pas même qualifié), une panne de boîte de vitesses l’interrompit après 13 tours. Il se rattrapa l’année suivante où le même classement le samedi l’amena jusqu’à la quatrième place le dimanche. Une belle performance qui resta sans lendemain pendant presque une décennie...

En 1995, durement marqué par la perte de son mentor et ami Senna, Barrichello voulut lui rendre hommage en mêlant les couleurs de son casque à celles de Magic. Hélas son week-end fut un calvaire, un des pires de sa carrière à l’entendre : décevant seizième en qualifications et nouvel abandon sur panne de boîte de vitesses, au grand désespoir du public qui attendait monts et merveilles de son nouveau porte-drapeau. Il apprendra par la suite que son pied gauche appuyait sur la pédale de frein à son insu durant les premières courses suite au changement de pédalier.

L’édition 1996 commença superbement mais finit en eau de boudin : splendide deuxième en qualifications derrière la Williams-Renault de Damon Hill, le Brésilien tint son rang durant presque toute la course face aux cadors comme Jean Alesi et Michael Schumacher, jusqu’à un tête à queue éliminatoire alors qu’il menaçait ce dernier pour le podium. Encore des espoirs déçus. Ce ne sont pas les Grands Prix de 1997 et 1998 sur Stewart-Ford qui allaient changer la donne. Rubinho cala sur la grille la première année (provoquant l’interruption de la course) et abandonna sur rupture de suspension, tandis qu’une fois de plus, sa boîte de vitesses le lâcha l’année suivante.

Puis vint 1999 où sa Stewart lui permettait cette année-là de briller occasionnellement. Quatrième derrière les intouchables McLaren et la Ferrari de Schumacher, Barrichello prit un départ canon et dépassa Schumacher et Coulthard (resté scotché sur la grille) puis profita d’un raté sur un changement de vitesses de Hakkinen pour mener pendant 23 tours. Son moteur explosa au final mais au moins, Barrichello s’était à nouveau montré à son avantage. Ferrari se n’y trompa pas et engagea le Brésilien en remplacement d’Irvine.

Hélas en 2000, la malédiction continuait : souci hydraulique alors qu’il pouvait signer le doublé pour Ferrari. 2001 fut plus bref encore : trois tours avant que Barrichello ne s’empale sur la Williams de Ralf Schumacher. Rubinho avait d’ailleurs failli ne pas courir du tout vu que sa Ferrari tomba en panne dans le tour de mise en grille. Barrichello récupéra le mulet quelques minutes avant la fermeture des stands mais cela ne changea rien à son résultat final... Idem en 2002 où sur la "vieille" Ferrari de 2001, Barrichello remonta de la huitième place (suite au retrait de son meilleur temps pour un feu rouge brûlé) à la première pour encore une fois s’immobiliser en bord de piste. L’hydraulique l’ayant lâché pour son cent cinquantième Grand Prix...

2003 fut probablement le plus cruel des Grands Prix à domicile pour Barrichello. Il signa enfin la pole position et après une première moitié de course rendue difficile par des Bridgestone peu à l’aise sur piste très humide, il remonta doucement mais sûrement au fil de l’assèchement de la piste. Il enchaîna les meilleurs tours et dépassa David Coulthard pour la tête. Le public exulta... avant de voir leur compatriote au ralenti : panne d’essence ! Un incident rarissime qui illustre bien la guigne de Barrichello chez lui. Il ne put ainsi poursuivre la série de ses prédécesseurs qui avaient gagné chaque édition se finissant en 3 (Fittipaldi en 1973, Piquet en 1983, Senna en 1993).

Il connut enfin un peu de répit en 2004 : à nouveau en pole position, il ne put concrétiser en course. La Ferrari ne fut cette fois pas aussi conquérante que durant l’essentiel de la saison et Barrichello fut écarté de la victoire par le duo Kimi Raikkonen - Juan Pablo Montoya. La troisième marche du podium fut une maigre consolation pour le Brésilien, alors qu’il s’agissait de son premier top 3 à domicile. Cela restera d’ailleurs son meilleur résultat ici puisque l’année suivante, Ferrari n’était plus au top. Barrichello se contenta d’une anonyme sixième place dans l’ombre du titre mondial décroché par Fernando Alonso.

Rebelote en 2006 : second titre de l’Espagnol, et septième place pour Barrichello dans l’indifférence générale, non sans avoir facilité la tâche de son ex-équipier Schumacher dans sa folle remontée pour son, pensait-on alors, dernier Grand Prix. Felipe Massa avait quant à lui réussi à l’emporter devant son public... Et à l’image des éditions 1997 et 1998, les années 2007-2008 furent des années noires pour Barrichello, victime d’une Honda épouvantable. Son moteur écourta son calvaire la première fois (pour son deux cent cinquantième Grand Prix), mais il termina la course douze mois plus tard. A cet instant on pensait que sa carrière allait se conclure ainsi, surtout avec le retrait de Honda peu après. Il n’en fut rien.

Ainsi en 2009, il était de retour chez lui, sur la désormais très performante Brawn-Mercedes. Si performante qu’à cet instant, le Brésilien avait renoué deux fois avec la victoire et luttait pour le titre mondial face à son équipier Jenson Button et Sebastian Vettel sur Red Bull ! Barrichello signa même une troisième fois la pole à Interlagos (et la dernière de sa carrière), comme souvent sous la pluie . Mais en course, Mark Webber prit le dessus, avant qu’une crevaison suite à une touchette avec Lewis Hamilton ne le relègue au huitième rang, le laissant ainsi assister au triomphe de son voisin de garage. Plus jamais Barrichello n’allait s’approcher de la victoire...

Pas encore prêt pour la retraite, Rubinho se retrouvait chez Williams en 2010, mais se fit voler la vedette par son jeune équipier Nico Hulkenberg qui se retrouva en pole à son tour. Bon sixième cependant, sa course fut gâchée par un arrêt aux stands prolongé et par une monoplace moins performante en course, le laissant voguer au quatorzième rang. Douze mois après, sa Williams ne valait même plus le top 10 à la régulière. Barrichello se contenta donc de faire de la figuration, partant douzième pour finir, là encore, en quatorzième place. Cette fois, ce fut vraiment un tour d’honneur pour son public car la longue route du Brésilien en Formule 1 s’acheva ici. La boucle était bouclée.

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