Senna Sempre : Ayrton et Alain Prost (1/2)

Publié le par Masta

Senna Sempre : Ayrton et Alain Prost (1/2)

Quand on évoque la carrière d'Ayrton Senna, il est impossible de ne pas la lier avec celle d'Alain Prost, et inversement. Les deux pilotes, parmi les plus grands de l'Histoire et les meilleurs de leur époque ont connu une rivalité qui sert encore de modèle pour toutes les confrontations en Formule 1, en sport automobile et même en sport tout court.

Les grandes lignes sont connues par tous les observateurs avisés : Monaco 1984 avec la révélation de Senna, leur collaboration se transformant en cohabitation chez McLaren à la fin des années 80, les dénouements controversés de Suzuka 1989 et 1990, leurs duels pour la victoire à plus d'une reprise, leur réconciliation sur le podium d'Adélaïde en 1993 une fois Prost en retraite, la fin tragique de Senna voici vingt ans... Tout cela fait partie de la légende de la Formule 1 et nourrit celle-ci chaque jour.

Cependant, cette rivalité n'a pas été le fruit de hasard et a même été voulue, par l'un comme par l'autre. D'un côté, Prost souhaitait disposer d'un coéquipier de valeur : dès 1985, avec Niki Lauda sur le départ, il a proposé à Ron Dennis une liste de quatre noms pour le remplacer, dans laquelle figurait déjà celui de Senna. Ainsi, quand l'équipe a annoncé le recrutement du Brésilien pour 1988, Prost n'allait certainement pas s'y opposer.

Du côté de Senna, cela allait au delà de la simple confrontation. Il sentait depuis ses débuts en karting qu'une valeur étalon pouvait le tirer vers le haut. A l'époque, le maître était Terry Fullerton, un kartman qui lui a appris malgré lui que la vitesse ne suffisait pas. Une expérience qui a tant marqué Senna qu'il a cité le Britannique – qui n'a jamais percé au delà du karting – en tant que meilleur rival de sa carrière, à la plus grande surprise des journalistes qui ignoraient tous l'identité de ce pilote...

Ainsi, une fois arrivé en Formule 1, il lui fallait trouver un exemple à suivre, le meilleur pilote du plateau. Dès le départ, il avait compris que Prost était celui-là. La minutie du Français était si poussée qu'il a hérité d'un surnom qui lui colle encore aujourd'hui à la peau : le Professeur. S'il n'allait pas chercher le dernier carat – par principe plus que par manque de talent – il compensait le plus souvent avec son intelligence, sa science de la course et une monoplace réglée au détail près. Un facteur qui a servi à plus d'une reprise à une époque où les turbos crachaient des gerbes de flammes et où l'essence manquait souvent en fin de parcours.

Leur première rencontre a donné le ton de leur future relation : ce fut au cours d'une course de charité en 1984. Des pilotes de tout bord étaient invités à piloter des Mercedes sur le Nurburgring, dont la version courte venait d'être achevée. On chargea Prost de véhiculer Senna de l'aéroport au circuit et se montra d'emblée sympathique avec le Français. Mais dès que le Professeur signa la pole position, le Brésilien ne décrocha plus un mot à son attention. Pour une course de gala... qu'il prit au sérieux, contrairement à la majorité du plateau réuni, puisqu'il l'emporta sans problèmes...

Ils ont évidemment eu l'occasion de rétablir un dialogue une fois ensemble chez McLaren, où l'obsession de Senna pour Prost était manifeste. Le Brésilien demandait à son équipe tout ce qui concernait l'autre : quel chrono, quel réglage, etc, si bien que leurs débriefings ont régulièrement dépassé les quatre heures ! Comme l'a raconté Prost "déjà il s'agissait de faire avancer l'équipe. Ensuite, c'était pour être sûr que l'on oublie pas le détail le plus infime. C'était aussi un jeu psychologique : il n'était pas question que je sorte avant lui du motorhome, et inversement, alors on partait ensemble !".

Murray Walker, commentateur historique à la BBC, a été témoin de cela puisqu'un jour, il a attendu quatre heures et demi pour une interview, avant de tomber sur Prost sortant du camion. Lorsque l'Anglais lui a demandé ce qu'il pouvait bien faire durant autant de temps, la réponse du Français a été : "De ceci et cela, mais je n'aime pas être le premier à sortir !".

Un respect mutuel malgré les polémiques

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